Qu’aurait donné la finale de Roland-Garros entre Aryna Sabalenka et Coco Gauff au meilleur des cinq sets ? Aurait-elle pu basculer, elle-aussi, dans l’irrationnel, le légendaire, l’inattendu ? Vingt-quatre heures après leur empoignade en trois sets, Jannik Sinner et Carlos Alcaraz rappelaient pourquoi le format en cinq sets en Grand Chelem restait l’un des meilleurs arguments du tennis masculin. Plus de cinq heures de combat, des retournements de situation à n’en plus finir, du beau, du tragique : c’est tout cet arsenal que permet le format. Mais alors pourquoi les filles n’y auraient pas droit ? Après tout, dans les autres sports, le temps passé sur le terrain ne diffère pas d’un sexe à un autre.
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Pendant 14 ans, entre 1984 et 1998, la finale des Masters féminins se jouait au meilleur des cinq sets. Steffi Graf a remporté le dernier match du genre face à Martina Hingis il y a très exactement 27 ans. Depuis, plus rien. “Cinq sets, physiquement, une femme ne peut pas le faire. Elle n’a pas les mêmes capacités physiques que les hommes. Ce n’est pas possible humainement. C’est tout. Vous ne pouvez pas demander à une femme de jouer six heures”, déclarait Marion Bartoli à BBC World en 2014.
Onze ans plus tard, l’idée a vécu. Le critère physique n’existe plus en tout cas pour Paul Quétin, préparateur des équipes de France de la FFT pendant 20 ans et jusqu’à l’an dernier : “Elles ont la capacité physique et physiologique pour jouer cinq sets, nous confie-t-il. Il y aurait des hauts et des bas dans ces cinq sets mais comme les hommes finalement. Aujourd’hui, elles sont bien préparées, il n’y aurait aucun problème. L’argument physique ne tient plus.“
Coco Gauff, Roland Garros 2025
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Crédit: Getty Images
Physiquement, mentalement, je ne vois pas le problème
“Les filles aujourd’hui, ce sont des avions physiques, continue notre consultante Camille Pin, ancienne 61e joueuse mondiale. En terme de force, on ne peut pas lutter avec les hommes mais au niveau de la résistance, les filles sont aussi fortes. Physiquement, mentalement, je ne vois pas le problème. C’est même aberrant de dire que c’est impossible. Aujourd’hui, des filles courent des marathons, font des Ironman…” Mais alors pourquoi le tennis féminin ne bascule pas en Grand Chelem ? La programmation est un frein majeur. Si les filles franchissaient le pas, il faudrait imaginer étendre les stades, construire de nouveaux terrains ou supprimer les tournois juniors ou de double. Difficilement imaginable aujourd’hui.
En revanche, passer sur des matches au meilleur des cinq sets pour les demi-finales et la finale ne poserait aucun souci de programmation. “C’est certainement quelque chose que j’envisagerais si cela pouvait ajouter de la valeur au tennis féminin, jugeait Amélie Mauresmo, directrice de Roland-Garros dans les colonnes de The Telegraph en 2023. Le passage de seulement trois matches par Grand Chelem, les deux demi-finales et la finale, à un format au meilleur des cinq manches serait un ajustement modeste, mais qui aurait le potentiel d’élever profondément le niveau du tennis féminin.”
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“On rendrait un énorme service aux filles, juge Laurent Rochette, ancien top 20 français, coach et désormais animateur du podcast Pro Talk Tennis. Je suis persuadé qu’on augmenterait le niveau de jeu en faisant entrer une dimension physique. Les joueuses devront penser différemment en terme tactique ou de gestion sur certains coups avec des slices, des amorties, être plus athlétique et stratégique, ça manque aujourd’hui dans le tennis féminin. On ne pourra plus juste bourriner comme Ostapenko.“
A qui profiterait le changement ? “Aux 15 meilleures joueuses du monde, prédit Quétin. Au-delà, elles sont peut-être un peu moins bien préparées.” “Cela profiterait à des filles comme Loïs Boisson qui représente le futur du tennis féminin parce qu’elle y ajoute la dimension physique”, lui répond Laurent Rochette.
Avec les cinq sets, on peut donner une dimension héroïque au tennis féminin et faire naître des stars
Le basculement aurait quelques effets bénéfiques et permettrait d’opérer un rééquilibrage. Cette année, les night sessions de Roland-Garros furent encore 100% masculines. Avec des matches plus longs, avec un scenario potentiellement plus captivant et incertain, les filles auraient toutes leurs places sur le Chatrier en soirée sans que ceux qui ont payé leurs billets ne se sentent lésés. En 2022, Stefanos Tsitsipas soulevait un autre point : “Il y a aussi la question de l’égalité des prize money, les femmes perçoivent le même montant pour jouer au meilleur des trois sets.”
“Wimbledon ne doit pas inviter Boisson absolument, mais…”
Video credit: Eurosport
En clair, les femmes gagnent désormais autant d’argent en jouant moins. Les mêmes règles pour tous permettraient d’enterrer le débat. “Un moment, l’égalité doit être partout, continue Camille Pin. Il est temps de prouver qu’on peut suer autant que les mecs. Aujourd’hui, on n’a plus de stars planétaires comme les sœurs Williams ou Maria Sharapova. Avec les cinq sets, on peut donner une dimension héroïque au tennis féminin et faire naître des stars. Qui sait ? Aujourd’hui, on coupe l’herbe sous le pied des filles.” “Tu me demandes aujourd’hui quelle est la finale mythique entre deux filles en Grand Chelem, et bah franchement, je ne sais pas”, s’interroge à voix haute Laurent Rochette.
Pourquoi le tennis féminin ne bascule-t-il pas alors qu’il n’aurait que des bénéfices à en tirer ? Parce que les principales intéressées freinent des quatre fers. Peur de l’inconnu, peur de repenser son sport, peur de ne pas être à la hauteur. “Je pense que cela changerait la structure du tennis et que cela mettrait du temps pour être mis en œuvre“, notait Naomi Osaka, visiblement peu emballée par l’idée en 2022. Même prudence chez Paula Badosa : “Notre corps n’est pas le même que celui d’un homme. Je pense donc qu’une femme ne récupère pas aussi bien.“
Pourtant, la durée et le format des matchs ont un impact non seulement sur la valeur du divertissement, mais aussi sur la façon dont le sport est perçu. Au fond, le duel entre Sabalenka et Gauff nous a à la fois prouvé que le tennis féminin était prêt pour les cinq sets et que le format actuel restait un frein majeur au développement du tennis féminin.