D’ici peu, Camille Lopez (36 ans) raccrochera les crampons après une belle et longue carrière. En milieu de semaine, le maître à jouer de l’Aviron bayonnais nous a accordé une heure de son temps pour se projeter sur l’excitant barrage qui attend le club basque vendredi face à Clermont, et pour revenir, aussi, sur son choix de mettre un terme à sa vie de rugbyman professionnel, un an avant la fin de son contrat.
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Où situez-vous le degré d’excitation à deux jours du barrage ?
Au sommet ! On en rêvait vu l’évolution de la saison. En arrivant il y a trois ans, jamais je n’aurais pensé vivre ce moment, donc là, nous sommes forcément excités comme des gamins à Noël.
Grégory Patat disait samedi soir que voir Bayonne quatrième n’est pas la normalité. Êtes-vous d’accord ?
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Tout le monde dit que c’est normal, car ça fait un petit moment que nous sommes quatrièmes. L’Aviron est remonté il y a trois ans en Top 14, après avoir fait le yo-yo pendant des années. On pense que c’est la logique des choses que l’on y soit resté, mais non, ce n’est pas normal. Pour autant, on y est, et maintenant, on va croquer…
Vous avez disputé plusieurs matchs de phase finale pendant votre carrière. En quoi ces rencontres sont-elles différentes ?
Ce sont des matchs particuliers, mais on doit l’aborder comme le match de samedi dernier. C’était déjà une rencontre de phase finale. Cependant, nous avons un groupe assez détaché de tout ça. En fait, je ne sais pas si on réalise la saison que l’on est en train de faire…
Poursuivez…
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Avec Clermont, on démarrait la saison en visant le top 2. Il y avait moins de candidats au top six. Là, quand nous avons démarré la saison, nous n’avions aucune prétention de dire que nous visions le top six. Nous avons cette forme de détachement et c’est tant mieux ! Il faut continuer de le vivre ainsi. J’ai envie de dire que ce n’est que du bonus, mais d’un côté, je ne veux pas aborder ce match en me disant “si on perd, ce n’est pas grave, on aura fait une magnifique saison”. Ça, on le dira dans deux ou trois mois. Vendredi, on ne peut pas accepter de perdre.
Quel sera votre rôle cette semaine ?
Je ne suis pas le seul à avoir joué des matchs de phase finale. Je ne vais pas changer ma manière d’être. Le but, c’est d’accompagner le groupe, les joueurs, qu’ils restent eux-mêmes. Je veux apporter cette motivation, ces étoiles plein les yeux. Il faut qu’on soit tous sur la même envie, la même joie, vendredi, en arrivant au stade pour faire quelque chose de bien.
Comment avez-vous accueilli la nouvelle quand Grégory Patat vous a annoncé que vous alliez être remplaçant ?
Je n’ai eu aucun souci avec ça. C’est la fin, Joris a fait une très belle saison et c’est lui qui doit être titulaire. Je suis déjà content d’être sur la feuille et de pouvoir participer à cet événement. […] Je ne me projette sur aucun scénario, car il peut se passer plein de choses. S’il faut taper un drop, on le tapera peut-être. Pareil pour une pénalité. Tout dépendra de qui est sur le terrain, mais s’il faut prendre des responsabilités, on les prendra.
Lopez sera remplaçant contre Clermont.
En termes d’ambiance et d’émotion, à quoi vous attendez-vous ?
L’émotion, je vais essayer de la maîtriser au maximum. Il y a quand même un match à jouer. C’est mon dernier à Jean-Dauger, ça peut être le dernier, tout court, de ma vie de joueur de rugby. C’est un peu particulier. Je ne peux pas accepter qu’on perde vendredi, donc je n’imagine pas ça. J’ai envie de profiter de cet événement-là, car c’est incroyable. Je veux qu’on croque à fond dedans. J’ai envie d’aller avec ma femme et mes enfants en ville, cette semaine, pour m’imprégner de tout ça. Il faut que ça bouillonne !
Ressentez-vous ce besoin d’être interpellé par les supporters en ville ?
Non, ce n’est pas ça, c’est juste l’envie de profiter. J’ai vécu ça à Clermont et je pense qu’on est tout aussi gaga ici que là-bas. Quand tu prépares des matchs comme ça, et que pendant la semaine tu vois des drapeaux, des couleurs de ton équipe, ça fait plaisir, c’est motivant, excitant.
Vous allez vivre votre dernier match à Jean-Dauger. Que gardez-vous des trois années passées dans ce stade ?
Que des bons souvenirs ! Je n’ai connu que des victoires. J’y ai perdu contre Bordeaux et Castres, c’est tout. Je retiens cette première année où chaque victoire était un exploit. Tu remontes de Pro D2, tu es le petit poucet et tu gagnes tous les matchs à Dauger. J’ai connu le public à Clermont. Là, j’ai découvert un stade magnifique, avec un public extraordinaire. En étant proche de chez moi, des miens, avec ma famille et mes amis dans les tribunes, je n’ai vécu que des moments magiques. Si je repars trois ans en arrière, je me dis que c’est inimaginable.
Comment comptez-vous gérer l’inexpérience collective de la phase finale dans vos rangs ?
Ce n’est pas un truc à gérer, il y a pas mal de joueurs qui ont joué ce genre de match. Les matchs de la saison doivent nous conforter dans le fait qu’on sait faire. On l’a montré. Il n’y a pas de complexe à avoir par rapport à une équipe comme Clermont, qui a connu de nombreuses fois la phase finale. Le contexte et les années sont différents.
Faire ce que l’on a fait, ici, avec un club qui n’était pas destiné à ça, rend la chose encore plus belle. C’est au-dessus de ce qu’on a pu réaliser avec Clermont.
On imagine que la comparaison est difficile avec l’épopée clermontoise, mais est-ce plus fort de vivre la phase finale aujourd’hui avec Bayonne, près de chez vous ?
C’est difficile de comparer, mais partir de Clermont a été quelque chose de fort, car j’y ai vécu des choses incroyables, de grands événements : le Brennus, des finales de Coupe d’Europe. Ça a une portée énorme. J’étais dans les grandes années de Clermont, où on avait un effectif incroyable. Le club était formaté pour ça. J’étais entouré d’internationaux à tire-larigot. J’ai fait partie des joueurs importants à Clermont, mais il y en avait beaucoup. Quand je suis arrivé à Bayonne, j’avais un statut différent. Faire ce que l’on a fait, ici, avec un club qui n’était pas destiné à ça, rend la chose encore plus belle. C’est au-dessus de ce qu’on a pu réaliser avec Clermont. Je ne sais pas où on va s’arrêter, ici, mais quoi qu’il arrive, ça restera un truc incroyable.
Lorsque vous avez signé à Bayonne, beaucoup de gens ont placé de grosses attentes en vous et vous étiez attendu comme le Messie…
Euh… Le Messie, je ne sais pas. Il y a eu de tout. J’étais aussi attendu comme le mec à la retraite… Les gens parlent partout, mais ici, c’est quelque chose de particulier. Le territoire veut ça.
Vous êtes-vous nourri de ça ?
Non, mais indirectement oui. On ne me l’a pas dit directement, mais on me l’a rapporté. Tu ne peux pas faire l’unanimité. Même après les trois années vécues ici – et Dieu sait qu’on a vécu des belles choses en mettant l’Aviron à une position assez exceptionnelle – il y en a toujours qui seront contre l’Aviron, le staff, certains joueurs ou Camille Lopez. Le tout, c’est de continuer à avancer sur nos certitudes. Je suis content d’avoir donné tort à ceux qui ont parlé.
Aujourd’hui, vous avez plus de partisans que de détracteurs…
Je n’en sais rien. L’important, c’est qu’on ait fait quelque chose de grand. Le joueur n’est que de passage. Le club, l’institution sont plus importants. Quand tu es acteur et passionné, comme moi, le but est d’essayer de marquer l’histoire du club.
Vous basculerez dans le staff l’an prochain. Appréhendez-vous le fait de devoir entraîner vos anciens coéquipiers ?
Non, car on a déjà évoqué ce sujet. Je vais avoir des responsabilités, mais je ne serai pas le manager qui fait l’équipe. Je n’aurai pas le mauvais rôle. Ce sera purement de l’aspect rugby. Dans ma carrière de joueur, j’ai vécu des choses avec des staffs. C’était important d’avoir un relationnel avec les joueurs. Je pense que je peux avoir le rôle parfait pour ça, car je vais être dans la transition. Et avec mon poste et les responsabilités que j’avais, quand il fallait dire quelque chose, je le disais aussi…
L’ouvreur a été honoré lors de la rencontre face à Toulon.
Vous avez fait le choix de mettre un terme à votre carrière à la fin de la saison. Pourquoi ?
J’avais fait le choix de dire stop en début de saison. J’aurais dû m’arrêter sur cette décision. Après des échanges avec le staff et la direction, nous sommes tombés d’accord pour repartir sur une saison, mais après maintes et maintes discussions avec ma femme, j’ai dit au club que je ne pouvais plus. Il fallait que j’arrête. C’était le moment. Il y a l’aspect physique, qui est de plus en plus dur. J’ai eu des bobos pendant la saison, alors que tout au long de ma carrière, je n’ai jamais connu ça. À chaque mois, il y avait un truc : la cheville, le genou, une déchirure… Mais c’est surtout sur le côté mental, car la tête m’a dit stop. Le fait de vivre une belle saison et de pouvoir m’arrêter sur quelque chose de bien m’a aidé dans ce choix. On ne sait pas de quoi demain est fait. Pour moi, c’était le bon moment. Forcément, c’est dur, car je n’ai connu que ça dans ma vie. Il va y avoir un manque, mais comme je l’ai décidé, c’est un bon pas. Après, tu as beau le décider, tu n’es jamais vraiment préparé à ça.
En quoi était-ce compliqué mentalement ?
Quand tu es investi au quotidien depuis tant d’années, c’est prenant. Je joue derrière et ça va à 10 000 avec la nouvelle génération. J’ai joué avec d’autres qualités, je peux encore jouer vu que j’y suis, je fais des choses correctes. À mon âge, quand il y a la compétition, ça va, mais la répétition des entraînements, tous les jours, devient compliquée. Avec le cumul des saisons et l’âge, je commençais à subir les entraînements. Des fois, je ne prenais aucun plaisir à m’entraîner. Quand tu en arrives là, c’est le moment de dire stop.
Face à Vannes, le mois dernier, vous vous êtes blessé au bout de cinq minutes. Cette blessure vous a-t-elle conforté dans votre choix ?
Oui. Sortir à la cinquième, c’est dur. Tu te dis que ça ne veut plus. Pendant la semaine, il n’y avait eu aucun signe et là, je me dis que j’ai la poisse. Je me suis arrêté au bon moment et j’ai eu de la chance, car niveau timing, on était short.
Avez-vous eu peur de ne pas revenir à temps pour la phase finale ?
Oui. Quand je sors contre Vannes et que je sens la déchirure de l’ischio comme à Toulouse, j’ai forcément peur. Je me voyais finir comme ça. Ça aurait été affreux.
Avez-vous changé quelque chose dans votre façon de préparer les matchs, qui pourrait expliquer ces blessures à répétition ?
Du tout. L’âge y fait et l’aspect mental aussi. J’ai annoncé à Greg et Ged, puis à mon président, que je voulais arrêter. Ensuite, il s’est passé du temps. J’ai cogité. Ça a été un chamboulement et ma tête a pas mal été prise. Je pense que ça a joué sur la blessure de Vannes.
Avez-vous été accompagné pendant cette période ?
Je ne l’avais jamais fait, mais un jour, j’ai dit à ma femme que je pensais aller voir quelqu’un. J’ai discuté avec Romain, notre docteur, et on a fait la démarche pour. J’avais pris la décision d’arrêter, la situation au club était incroyable, nous étions en passe de nous qualifier, il y avait tout pour que ce soit top, mais je n’arrivais pas à en profiter. Je subissais les entraînements. J’ai fait une séance avec une psy et le fait de parler m’a aidé. Il fallait que j’arrive à passer à autre chose pour pouvoir profiter pleinement de ces merveilleux moments. C’était dommage de le vivre différemment. Des fois, il suffit de mettre des mots sur des petites choses. Je remercie ma femme qui m’a poussé à le faire. On est, des fois, réticent à ça. Ça m’a servi.
Aujourd’hui arrivez-vous à profiter ?
Oui, je suis libéré d’un truc. Tout est clair. Je suis content de pouvoir profiter à fond. On a vécu un grand moment samedi. Maintenant, on attaque la phase finale et ce n’est que du bonheur.