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« Je vis au jour le jour et, je l’espère, le plus longtemps possible »

Regarder « Dos au mur », c’est frissonner pendant l’heure et demie que dure le documentaire inédit (1) consacré à Jérémy Florès. Des frissons d’admiration devant la carrière au plus haut niveau mondial et jalonnée d’exploits du Réunionnais, aujourd’hui âgé de 37 ans et retraité des compétitions depuis 2021. Lui, le meilleur surfeur français de l’histoire, à jamais le premier tricolore vainqueur d’une épreuve sur le CT masculin, dans le temple hawaiien du tube de Banzaï Pipeline en 2010, à obtenir un 20/20 dans cette même élite professionnelle du surf (à Teahupo’o en 2011), à triompher « à la maison », dans les Landes, au Quiksilver Pro France…

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Des frissons, encore, d’émotion devant les témoignages empreints d’affection et de lucidité à son égard de la part de son père, du « grand frère » malicieux et légende du surf Kelly Slater, de son jeune protégé tahitien Kauli Vaast, qu’il a accompagné jusqu’au titre olympique, ou encore de sa femme (ex-Miss Tahiti) Hinarani De Longeaux. Des frissons, enfin, de peur, véhiculés par la découverte en 2022, à l’hôpital de Bayonne, de sa tumeur cérébrale, fil conducteur d’un film qui lève un peu plus le voile sur « les multiples facettes de Jérémy Florès : le compétiteur intraitable, le père de famille, l’enfant de la Réunion et le survivant ».

À l’énoncé du diagnostic de votre tumeur, quelles sont vos premières pensées ?

Elles sont horribles. Le pire moment de ma vie, car je ne m’attends pas du tout à ça. Tu ne peux pas être préparé à ce genre d’annonce, tu as l’impression que le ciel s’écroule sur ta tête. C’est vrai que cela faisait déjà quelques années que je n’étais pas à 100 % de mes capacités physiques parce que je me sentais toujours fatigué. Je souffrais de maux de tête, j’avais des grosses migraines, je carburais aux anti-inflammatoires tout le temps. Ça fait d’ailleurs partie des raisons pour lesquelles j’ai arrêté ma carrière en 2021.

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Vous ne vous étiez jamais inquiété plus que ça ?

Je pensais que c’était lié à tous les accidents que j’avais pu avoir en surf. Jusqu’à ce que le radiologue me montre la tumeur après l’IRM et que je voie vraiment sa taille. C’était flippant parce que j’étais tout seul, je n’avais pas énormément d’informations sur cette maladie et puis j’ai vu la tête des médecins quand ils m’ont annoncé cette mauvaise nouvelle…

Comment avez-vous réagi ensuite ?

C’était affreux à vivre et pendant plusieurs semaines, je n’ai fait que pleurer. Je me demandais pourquoi moi, pourquoi maintenant, juste quand je commence à kiffer un peu la vie. J’ai toujours été passionné dans ce que je faisais, je me suis toujours donné à fond dans tout ce que je faisais, mais c’était un rythme de vie quand même très fatigant, avec énormément de sacrifices, et je pensais que j’allais au moins pouvoir me poser et commencer une vie plus normale avec ma famille. Et là, ça me tombe sur la tête, c’était vraiment un moment très compliqué.

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Avez-vous essayé de savoir s’il pouvait exister un lien entre vos accidents de surf et la survenue de la tumeur ?

Les spécialistes ne savent pas s’il y a un lien entre les chocs que j’ai pu avoir et ma tumeur. Le premier signe visible coïncide avec ma grosse chute en Indonésie, lorsque ma tête a heurté le récif à Lakey Peak (en 2015, NDLR). À ce moment-là, une petite « trace » avait été décelée et on pensait que c’était une lésion due à l’accident. En fait, c’était sûrement déjà le début de la tumeur, qui a ensuite évolué. Rien ne peut affirmer qu’il y a un rapport avec cet accident ou un autre. Si ça se trouve, ça n’a rien à voir.

Dans un autre documentaire, sorti en 2023 (2), vous témoigniez sur le sujet de la santé mentale et de la dépression dans le sport de haut niveau. Là encore, peut-on établir un lien avec la tumeur ?

Les spécialistes m’ont dit que ça a pu jouer, oui. Mais, une fois encore, le cerveau, c’est une mécanique tellement spéciale et compliquée, que rien n’est sûr. Depuis très jeune, j’ai vécu des moments très difficiles avec ma santé mentale, mais peut-être que ça n’a rien à voir avec la tumeur, que c’est juste le fait d’avoir eu des burn-out, trop de pression et de stress au cours de ma carrière, avec ses hauts et ses bas. Aucun lien officiel ne peut être établi.

Depuis 2022, vous évoquiez publiquement un « problème de santé ». Qu’est-ce qui vous a décidé à parler ouvertement de votre tumeur dans le documentaire ?

Ce n’est pas quelque chose que l’on crie sur tous les toits. Au début, j’en ai fait un sujet tabou, parce que je suis quelqu’un de très fier et que je n’ai jamais eu envie de montrer mes faiblesses. Je n’en ai pas fait une fixette, c’est-à-dire que si je croisais quelqu’un que j’aimais bien, ou lors d’un repas ou d’un apéro, j’en parlais. Mais quand je ne le sentais pas, je ne disais rien, je le faisais vraiment au feeling. Et puis, je me suis dit que ce documentaire était l’occasion de dire la vérité. Les personnes qui me suivent depuis très longtemps ont le droit de savoir. Je me suis dit aussi que ça me permettrait de me livrer, de me mettre à nu, d’extérioriser un peu toutes ces choses que j’ai en moi.

Après les examens, le choc du diagnostic.

« Dos au mur »

Au cours de votre carrière professionnelle, vous avez souvent été « dos au mur ». C’est généralement là que le meilleur de vous est ressorti…

J’ai toujours performé et j’ai toujours aimé être dos au mur. Je l’ai compris au fil de ma vie, de ma carrière. Dans ma vie perso, après de mauvais résultats, face à des gens qui me rabaissent, ça m’a toujours permis de me surpasser et de prouver que j’étais capable de me sortir de toutes ces galères. Attention, je ne le fais pas forcément exprès, une vie et une carrière un peu plus classiques ne m’auraient pas forcément dérangé (rire). Mais je me nourris de ces moments plus compliqués pour me surpasser.

À la fin du documentaire, il est mentionné que la tumeur est toujours là. C’est-à-dire ?

Oui, ma tumeur est toujours présente. J’ai subi une grosse opération avec chirurgie éveillée. C’est une chirurgie très traumatisante parce que tu dois travailler avec le neurochirurgien pendant des heures en étant éveillé. On a réussi à enlever 90 % de ma tumeur. Il en reste encore 10 % et ce sont ces 10 % qu’il faut continuer à surveiller. Je dois passer plusieurs IRM par an, afin de surveiller à quelle allure la tumeur évolue. Pour l’instant, ça n’évolue pas rapidement, c’est clair, mais ça évolue. Dans tous les cas, ça continuera à évoluer et j’espère pouvoir faire face, être assez fort pendant le maximum de temps et à tous les niveaux parce qu’avec cette maladie, on ne peut pas savoir si elle va évoluer d’un coup ou si ça peut durer des années avec une évolution très lente. C’est ce qui est un peu difficile à gérer, car tu avances dans le flou, tu ne sais pas ce qui va se passer. Mais c’est aussi une nouvelle manière de voir les choses, la vie tout simplement, sans savoir comment sera demain. Je vis au jour le jour et, je l’espère, le plus longtemps possible.

Au plus près de vos proches, votre famille et plus encore vos enfants.

Ce sont eux qui me touchent le plus. La première chose que tu te dis, c’est : je vais tout faire pour être là pour mes enfants, pour profiter au maximum d’eux, pouvoir les accompagner dans l’éducation, les aider à faire face à toutes les choses de la vie. Dans ces moments compliqués, je n’ai vraiment pensé qu’à eux, ce qui m’arrive à moi, c’est secondaire. Mais j’aimerais vraiment être là pour eux le plus longtemps possible.

(1) Réalisé par Julie et Vincent Kardasik, en partenariat avec Quiksilver. Projeté en avant-première au Grand Rex, à Paris, le 4 juin, il sera prochainement disponible sur Canal+ Docs et aussi à voir : à Biarritz, samedi 14 juin, à 17 h 30 et 20 h 30, au cinéma Le Royal ; à Bordeaux, lundi 16 juin, au Mégarama.

(2) « STRoNG, aussi forts que fragiles », sur Prime Video.

« Dos au mur »

« J’ai dû tout réapprendre »

Après « une chirurgie très traumatisante », Jérémy Florès a « dû tout réapprendre. Je suis reparti de zéro », souffle-t-il. « Petit à petit, j’ai dû réapprendre à lire, à écrire. Les premières semaines, j’avais perdu toute ma mémoire. C’est revenu doucement ensuite, mais il a fallu pour cela stimuler le cerveau avec une orthophoniste, avec des kinés spécialistes. C’était très, très dur. Physiquement aussi, j’ai perdu toute ma masse musculaire, même si je n’en avais plus trop déjà après la fin de ma carrière (rire). »
Parmi toutes les choses que son corps a dû réactiver : le surf. « Même surfer, c’était tellement bizarre au début, c’était comme si je redécouvrais la sensation de glisse, sourit-il. C’était bizarre de glisser sur des vagues, mais en même temps naturel : comme un automatisme qui est toujours là, mais j’étais comme perdu dans l’océan. »

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