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Coupe du monde des clubs 2025 : on achève bien les chevaux…

Le 16 avril dernier, juste après l’élimination du Bayern Munich par l’Inter Milan en Ligue des Champions, Vincent Kompany avait déclaré : “Dans cinq mois il y aura le premier match de Ligue des champions et tous les espoirs qui reviendront. Et dans deux mois, la Coupe du monde des clubs et tous les espoirs qui reviendront aussi, avec l’envie de ramener ce trophée.” En invoquant en direction des supporters les “espoirs qui reviendront“, le coach des Bavarois avait tout simplement entériné l’idée d’un calendrier perpétuel. Et démentiel…

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Car même si cette Coupe du monde des clubs de la FIFA ne se dispute que tous les quatre ans, cette première édition va clore une saison 2024-2025 qui aura brisé deux “tabous” : jouer en Ligue des champions en janvier, mois traditionnellement allégé (deux matches de poule cruciaux, les 21 et 29) et jouer en juin-juillet une lointaine compétition mondiale de clubs (14 juin-13 juillet). Autrefois, la saison européenne finissait fin mai. Depuis, on a ajouté en début juin une “fenêtre” internationale et ce printemps, elle a été surchargée avec les qualifs de Mondial 2026 (du 2 au 10 juin) et avec la Ligue des Nations (du 4 au 8 juin).

Les jambes d’Ousmane Dembélé, pourtant exemptes de blessures depuis un bout de temps, ont flanché à nouveau lors du dernier France-Espagne. L’attaquant du PSG est blessé à la cuisse. Mais pas de souci ! “Dembouz” a embarqué avec l’équipe à l’autre bout du monde, en Californie, où il poursuivra sa rééducation. Son retour sur les terrains est même espéré fin juin, après les matchs de poules qui débutent ce dimanche contre l’Atlético Madrid. Et après, si les joueurs parisiens vont loin dans la compétition, il ne leur restera que très peu de temps pour souffler avant la préparation de pré-saison et le début de la Ligue 1 reprenant le 15 août. Viendront ensuite, début septembre, les éliminatoires de Coupe du monde 2026…

“C’est injuste mais un but de Yamal, ça vaut cinq buts de Dembélé”

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Une hérésie absolue et encore évitable

Flash back… Quand le 28 octobre 2024, Rodri était venu chercher son Ballon d’Or France Football appuyé sur des béquilles, le triste spectacle d’un gladiateur rincé par l’accumulation des matches avait entretenu la conviction unanime que la nouvelle Coupe du monde des clubs était une hérésie absolue et encore évitable. Depuis quelques années, nombre de joueurs (allant jusqu’à menacer de faire grève), entraîneurs (Klopp, Ancelotti, Guardiola), médecins du sport ou dirigeants lucides avaient tiré la sonnette d’alarme : la multiplication des compétitions nuit gravement à l’intégrité physique et mentale des footballeurs !

Rodri celebrates

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Crédit: Getty Images

Car l’extension du calendrier s’était étalée dans le temps, dans l’espace et dans le volume de participants : Coupe du monde 2026 à 48 équipes en Amérique du Nord, CAN et Euro à 24 équipes, avec prochaine CAN au Maroc de décembre 2025 à janvier 2026, etc. Et les blessures musculaires et tendineuses sont devenues légion… La fatigue généralisée (dont les cracks De Bruyne, Bellingham, Griezmann, etc.) a même flingué la qualité du spectacle de l’Euro 2024 en Allemagne. L’Espagne l’a très certainement remporté grâce à la fraîcheur physique de ses jeunes joueurs (Yamal, Williams, Pedri, voire Olmo ou Zubimendi). Or, huit mois après le Ballon d’or de Rodri, la Coupe du monde des clubs est aujourd’hui attendue, espérée, plébiscitée…

Le fric, bien sûr, avec sa dotation de 925 millions de dollars US, a rallié les clubs du monde entier, même les grands d’Europe non invités (Arsenal, Liverpool, FC Barcelone). Le 19 mai dernier dans L’Équipe, notre estimé confrère Vincent Duluc se réjouissait à la perspective d’un empire du Foot où le soleil ne se couche jamais : “C’est loin, mais la finale de la C1 dans 11 jours, puis la Ligue des nations et la Coupe du monde des clubs vont agrémenter notre séjour à l’herbage.” Les médias sportifs, dont nous sommes, se sont ainsi enamourés à leur tour de cette compétition, tout comme les fans de foot du monde entier. Et il est là le drame…

Pour les grands perdants de la C1 2025, un lot de consolation 

L’extension du domaine télévisuel, la volonté du “toujours plus de foot” qui a éteint toute saturation de nos esprits, la peur du manque des accros du ballon nous ont soumis à une véritable tyrannie. La tyrannie de nos émotions. Ce sont nos passions secrètes jamais assouvies qui nous ont rendus complices d’un “foot circus” où on achève bien les chevaux.

Rappelez-vous la nouvelle formule de la Ligue des champions. Au départ, avec son tirage algorithmique et ses play-offs tardifs et aléatoires, beaucoup étaient sceptiques, notamment en France. Et puis, les épopées ont fleuri. On a de nouveau vibré, comme aux J.O. de Paris : Monaco, Brest, Lille et Paris champion ! La passion, les émotions, les frissons, les larmes de joie, les souvenirs collectifs éternels comme l’inoubliable transhumance des supporters brestois à Guingamp… Après coup, la nouvelle formule de la Champion’s a bien sûr été validée, plébiscitée. À l’ère du “tout-émotionnel”, combien seront-ils, ces supporters européens, africains, asiatiques à se payer le “voyage de leur vie” pour suivre leurs héros aux USA ou à veiller très tard devant la télé ?

Outre l’appât du gain, leurs clubs adorés sont surmotivés. Paris a gagné la Ligue des champions, alors il en veut encore plus. Pour les grands perdants de la C1 2025, ce Mondial des clubs apparaît comme un lot de consolation : le Bayern Munich voudra faire oublier son absence en finale de C1 disputée chez lui et après une saison blanche, le Real Madrid voudra être le premier lauréat historique de cette nouvelle compétition. Kylian Mbappé en est déjà à 62 matches ? Pas grave ! Et tant pis pour la casse : c’est toujours après la guerre qu’on compte les morts et les blessés.

Mbappé a-t-il réussi sa saison ? “Au moins, lui, peut se regarder dans la glace”

Video credit: Eurosport

Une “parenthèse macabre” saturée de matches et de compétitions s’est ouverte lors de la crise du Covid qui a perturbé les calendriers et les organismes lors de l’année 2020 avec des championnats qui ont repris tout l’été. L’Euro 2020 a été déplacé à 2021. La Coupe du monde au Qatar 2022 a aussi détraqué les organismes habitués à moins jouer lors de cette période hivernale.

Un calendrier perpétuel global qui enfle, une passion anthropophage

Et la folie a repris avec la saison 2022-2023 surchargée de la Ligue des Nations en juin 2023. Et puis la saison 2023-2024, parfaitement épuisante : CAN 2023 à 24 équipes en janvier-février 2024, plus la Copa America aux USA en juin-juillet 2024 et l’Euro 2024 à 24 équipes en juin-juillet 2024… Toutes ces compètes internationales 2020-2025 se sont déroulées au cours de saisons où beaucoup de joueurs des grands clubs mondiaux (des internationaux, essentiellement, issus des cinq continents) ont aussi disputé leurs championnats et coupes nationales, plus des coupes continentales (Libertadores, Ligues des champions UEFA, CAF ou AFC asiatique).

En sélection, des éliminatoires d’Euro, de Ligue des Nations, de CAN, de Coupe d’Asie ou de Coupe du monde sous tous les fuseaux horaires ! On objectera naïvement que seuls quelques joueurs, les grandes stars des grands clubs, sont impactés par ces cadences infernales. Là n’est pas la question. C’est le calendrier perpétuel global qui enfle. Et il s’étend désormais aussi au football d’en bas : la multiplication des play-offs de fin de saison (D1 et D2) éreinte aussi les « petites équipes » et les clubs européens de rang inférieur passent dès juillet par les précoces tours préliminaires de C1 et C3. Deux compétitions auxquelles on a ajouté une C4, la Ligue Europa conférence, tout aussi dense…

L’essence du foot, c’est notre passion pour le jeu et ses talentueux artistes. Mais pour le prix de nos émotions sans limite de temps et d’intensité, cette passion est devenue anthropophage. Nous dévorons nos héros. Nous blâmons UEFA, FIFA ou CAF de surcharger les calendriers et d’épuiser nos champions mais nous remercions Aleksander Čeferin, Gianni Infantino ou Patrice Motsepe (CAN à 24) de nous offrir désormais notre pain quotidien douze mois sur douze.

La tyrannie paradoxale de nos émotions entretient la flamme du “beautiful game” tout comme elle flingue ses acteurs qu’on chérit. L’argent n’est pas que la seule vraie valeur marchande du sport contemporain : les émotions le sont aussi, et pareillement destructrices. En 1963, Bob Dylan chantait Who Killed Davey Moore ? (1963), reprise en français par Graeme Allwright (Qui a tué Davey Moore ?) Dylan y évoquait la mort du boxeur Davey Moore deux jours après un combat, des suites d’un choc avec une corde du ring après un coup violent reçu dans le dixième round. À travers les paroles de cette protest song, tous se disculpent de leurs responsabilités : son adversaire, l’arbitre, son manager, les journalistes. Et les spectateurs : “C’est pas nous !’, dit la foule en colère / Nous avons payé assez cher / C’est bien dommage mais entre nous /Nous aimons un bon match et puis c’est tout.”

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