«Non, Emmanuel Macron, personne ne se fait “brainwasher” sur “les derniers faits divers”»

FIGAROVOX/CHRONIQUE – Dans un entretien accordé à la presse régionale à l’occasion du sommet des océans, le président de la République a estimé que «certains préfèrent, pendant ce temps-là, brainwasher (laver le cerveau) sur l’invasion du pays et les derniers faits divers». Entre cette déclaration et le clash entre Trump et Musk, notre chroniqueur s’inquiète pour la rationalité de nos dirigeants politiques.

Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Chaque semaine, il décrypte l’actualité pour FigaroVox. Il a publié récemment Journal d’un prisonnier (Fayard, 2025). Il est également président d’Avocats sans frontières.

«Est-ce que ce monde est sérieux ?» se demande le pauvre taureau de Francis Cabrel en pénétrant dans l’arène. La folie du temps présent nous oblige à questionner la raison des cerveaux qui nous gouvernent. Ainsi que la rationalité de ceux de messieurs Trump et Musk. Il y a quelques mois, nous pensions avoir échappé à la folie du wokisme. L’auteur de ces lignes avait écrit que celui-ci était en passe de transformer le monde occidental en hôpital psychiatrique à ciel ouvert. Quand bien même il n’avait jamais tenu Messieurs Trump et Musk comme des modèles de raison, il avait accueilli leur arrivée au pouvoir avec un relatif espoir. Las, il paraît bien que nous avons troqué une folie rouge pour une colère noire. La séance publique de remontrances adressées à Zelensky à la Maison Blanche nous en avait apporté un premier échantillon. Mais la querelle de chiffonniers entre Donald et Elon se menaçant, s’invectivant nous fait craindre les pires périls. Et il se pourrait bien, hélas, qu’à la défaveur de ce triste spectacle , la dangereuse gauche ne se refasse une santé.

Après un regard extatique sur le soir de triomphe du Paris Saint-Germain nonobstant des morts et des blessés, voilà que le président de la République tient pour laveurs de cerveaux, ceux qui, précisément, voient dans la criminalité et l’immigration invasive un drame unique et non des « faits divers »

Gilles-William Goldnadel

Est-ce que ce monde est sérieux ? Le même questionnement cruel doit être appliqué à notre président de la République actuel. Après quelques chamailleries exotiques, et un regard extatique sur le soir de triomphe du Paris Saint-Germain nonobstant des morts et des blessés, voilà qu’il tient pour laveurs de cerveaux, ceux qui, précisément, voient dans la criminalité et l’immigration invasive un drame unique et non des «faits divers». Pour le même prix modique, cette fine analyse psychologique nous est délivrée en anglais moderne dans le texte. Les parents et l’immense majorité des Français qui ont ces derniers mois pleuré les victimes du terrorisme islamique ou des morts causées par des migrants, tellement nombreuses qu’un de leur prénom chasse l’autre, apprécieront d’apprendre avoir été la proie d’un «lavage de cerveau» leur faisant prendre la vessie d’un fait banal pour une lanterne infernale.

En matière de lavage de cerveau, cette fois réel, nul ne m’empêchera de dénoncer celui dont sont victimes chaque jour les usagers de l’audiovisuel public. Je ne prendrai comme exemple indiscutable et vérifiable que la manière dont France Inter a traité le conflit à Gaza ce samedi 7 juin. Il s’était passé ce jour-là trois événements majeurs concernant les otages captifs du Hamas. Le premier fut l’opération pour récupérer la dépouille de l’otage thaïlandais Nattapong Pinta. Le second fut la publication par le Hamas d’une photo de l’otage Matan Zangaueker, légendée par ces sinistres mots : «Nous précisons sans équivoque que l’ennemi ne pourra pas le faire sortir vivant. S’il est tué lors d’une tentative de libération, l’armée d’occupation sera responsable de sa mort.»

À minuit, l’antenne publique, ordinairement peu avare d’informations concernant le conflit à Gaza, au rebours des tragédies du Congo ou du Soudan, résumant la journée, fit pourtant silence sur ces deux informations essentielles. Le cerveau de l’usager payant s’en trouva nettoyé par le vide sidérant.

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Enfin, il y eut l’affiche tant commentée de la marche des fiertés publiée par la militance LGBT. Tout aura été écrit sur son absurdité qui fait qu’elle peut servir d’emblème à cette chronique affolée de la folie du monde. Passons sur la femme voilée portant fièrement une pancarte contre «l’Internationale réactionnaire» et penchons-nous sur la dépouille de l’homme blanc pendu et mis à bas, frappé du sceau infamant de la croix des Celtes. Cette manifestation est prévue pour passer le 28 juin dans les beaux quartiers parisiens. Mon imagination est impuissante à décrire la réaction des populations autochtones, au cas improbable où ses organisateurs décidaient de faire passer la foule trans, queer ou encore binaire, aux tenues bigarrées ou légèrement vêtues du côté de Stains ou encore près de Trappes. Sans évidemment le recours à la police tortionnaire du pouvoir homophobe et réactionnaire.

Puisse encore exister le jour où les mâles chrétiens hétérosexuels blancs disent qu’ils n’ont pas honte de demeurer ce qu’ils sont. Ce monde n’est plus sérieux. Nous sommes les taureaux dans l’arène.