Tincknell veut « surprendre » avec Aston Martin

À une semaine des 24H du Mans, Aston Martin se trouve dans une posture singulière. Très attendue du fait de son moteur V12 atmosphérique non-hybride et de son bruit unique sur la grille des Hypercars, la voiture britannique fait l’objet d’ambitions élevées malgré des résultats très en retrait à ce stade de la saison. Pour Harry Tincknell, la joie et l’enthousiasme semblent être les mots d’ordre de cette édition, et ce en dépit d’une 12e participation pour lui.

« On n’a pas Silverstone cette année, donc pour nous, c’est vraiment la course à la maison, se réjouit-il. Il y a ce bruit du V12, cette atmosphère… bien sûr, en tant que pilote, tu dois rester concentré sur ton travail, tu ne peux pas te dire « wow, c’est incroyable » en pleine course. Mais quand même, faire partie d’un tel programme, avec autant d’aura et une voiture qui fait immédiatement vibrer les fans… c’est quelque chose. Quand les gens la voient et l’entendent, ça leur rappelle pourquoi ils sont tombés amoureux du sport auto. Moi, ça me le rappelle aussi. »

Pas à pas, Aston Martin progresse

Prompt à rappeler la vitesse à laquelle la Valkyrie avance dans son programme, le pilote britannique se veut optimiste. Les dernières impressions laissées en Belgique permettent notamment à l’équipe d’espérer de belles choses au Mans. « À Spa, on a vraiment franchi un cap. On était compétitifs dans le peloton. J’étais même dans les points à trois minutes de la fin, mais j’ai dû m’arrêter vite faute d’énergie, rappelle-t-il. C’était frustrant, mais terminer dans le tour du leader, c’était une énorme avancée. Et après 18 mois à piloter des Hypercars, je vois bien à quel point les autres constructeurs ont progressé entre leurs première, deuxième et troisième année. Si tout le monde était dans sa première année, on serait sans doute devant ! »

Dans cette lignée, la victoire n’est évidemment pas à l’ordre du jour pour les Hypercars 007 et 009, mais l’équipe compte avant tout sur les opportunités en course. « La voiture est solide, fiable. Le moteur tourne en mode “économie” pour la puissance qu’il donne. Si on évite les soucis de fiabilité, les erreurs aux stands, les pénalités et les incidents, je pense qu’on peut être dans le top 10 au lever du soleil. On pourrait surprendre pas mal de monde. »

Des limites bien réelles subsistent

Louant notamment les bienfaits de pouvoir bénéficier d’un programme de développement de l’autre côté de l’Atlantique, en IMSA, en parallèle du WEC, Harry Tincknell n’a pas manqué de rappeler qu’Aston Martin ne partait pas de la même base que le reste du plateau. De fait, le travail des ingénieurs est adapté en conséquence.

« Tu peux gagner du temps au tour juste en modifiant les réglages électroniques : rotation de la voiture, stabilité à l’arrière… tout dépend de ce que tu programmes, détaille le pilote britannique. Nous, on a un peu moins d’ajustements possibles car on n’a pas de système hybride, mais on peut quand même faire beaucoup. La gestion d’énergie et de carburant est aussi capitale ici au Mans. Économiser un tour par relais, c’est quatre arrêts en moins à la fin. La composante aérodynamique est aussi réglementée, mais tout ce qui est électronique, systèmes de gestion, ça reste un terrain d’innovation. On a des ingénieurs brillants qui bossent dur là-dessus. »

En somme, le vainqueur des 24H du Mans 2020 dans la catégorie GTE Pro se veut confiant, mais également réaliste. L’objectif principal affiché il y a quelques jours était celui de finir la course avec Aston Martin, si ce n’est d’inscrire les premiers points de l’équipe après être passé proche de réaliser cette performance lors des 6H de Spa le mois dernier.

Propos recueillis par Michaël Duforest au Mans

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